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La vie en vrac
19 novembre 2006

"Aujourd'hui?" Une question bien triste

"Aujourd'hui?"

Une question bien triste pour un jour si ensoleillé. Il y a des matins "sans", celui-ci en était la définition. Le reflet de mon visage dans ce satané miroir indiquait que la journée s'annonçait mal, bien plus, il me disait que ce serait peut-être la dernière. Un sentiment de mort envahissait mon corps, le moindre recoin n'étant pas épargné et les idées les plus morbides se succédaient les unes aux autres. Je la voyais partout, dans la rue, dans mon appartement, dans mon coeur. Elle allait s'installer à quelques pas de moi et me foncer dessus tout en admirant le spectacle. Du sang coulerait, ma tête cognerait et mon souffle se dissiperait. Des visions d'horreur et le dégoût de la chair se faisaient sentir sur mes lèvres crispées. Le désordre de mes cheveux éveillait en moi un profond ennui pendant que l'image mobile qui apparaissait dans la glace en face de moi devenait le film de ma vie. Une impression de tremplin inachevé, de trop tôt et pourtant l'évidence était là, j'allais mourir aujourd'hui. Pourquoi? Ca n'allait pas être moi qui accomplirait cet acte sans sens, mais l'idée ne me quittait pas, elle occupait mon esprit sans que je puisse m'en lasser.

Les flâneries du réveil laissaient place au quotidien et la mort n'arrivait toujours pas. Etrange expression "la mort", la personnalisation de cette chose incontrôlable me permettait peut-être d'éviter la panique. Comme si c'était le cours normal de toute vie, comme si j'étais née pour ça, je l'étais d'ailleurs. La fin de mon labeur journalier et je décidais de marcher jusqu'à chez moi, pour prendre l'air et me laver de ces inoubliables traces de cadavre dans mon crâne. Le ciel était bleu, les oiseaux chantaient et pourtant, et pourtant... Une voiture roulait à toute allure dans cette petite rue étroite, en un instant je sentis que tout s'arrêtait autour de moi. La douce brise qui soufflait auparavant dans mes cheveux n'était plus et quelques notes de piano résonnèrent de mon corps. Mes poumons se remplissaient d'air et mon sens du toucher n'était plus actif. Je ne pensais à rien, à plus rien, mon âme tel un néant n'avait plus de définition matérielle, mon corps ne répondait plus. Cet instant de perte de moyen se terminait par un grincement de pneu, par un choc, un cri, ce bruit horrible dont je savais que mon existence ne me permettrait pas d'oublier.

Ce n'était ma mort qui allait être l'évènement de la journée, mais celle d'une personne dont j'ignorais l'existence jusqu'alors, mais dont je connaissais le destin tragique.

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Commentaires
A
c'est très bien écrit, et j'adore le thème! tu as vraiment du talent, continue!
K
Han, j'ai pensé la même chose en le lisant! '-'
A
J'adore aussi '-' ça fait un peu "nouvelle à la Stephen King", on sent que ça pourrait être le noyau d'un texte plus long, même s'il se suffit très bien à lui même !
K
J'adooooooooooooore! ^o^
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